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Un sourire pour cacher mon mal de vivre

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Par où commencer, ce n’est pas facile de parler de ce que l’on a vécu et ressenti, car la société d’aujourd’hui juge beaucoup et malheureusement facilement sans savoir de quoi il s’agit.

Mais j’ai décidé qu’il était temps pour moi de vous faire part de ce que je vis depuis ma naissance, parce que je suis certaine que plusieurs d’entre vous vivent des choses semblables aux miennes.

Je souffre de dépression majeure depuis 2003 et je me rends compte que je me suis cachée derrière un masque de femme parfaite, énergique et forte pendant plusieurs années, pour cacher mon mal de vivre. Toute ma vie, j’ai été capable de cacher mes peines et mes émotions derrière mon sourire et mon côté actrice, je me suis donné un rôle pour pouvoir passer à travers mes journées qui étaient très bien remplies, jusqu’au jour où le masque que je portais si bien s’est brisé bien malgré moi et c’est alors qu’il a dévoilé ma vraie souffrance intérieure, le côté noir qui me hantait et qui me faisait souffrir intérieurement dans mon inconscient.

C’est comme si la vie me disait : « Je t’ai envoyé des alarmes psychologiques et tu les as contournées, tu ne les as pas prises en considération. Tu as continué à m’ignorer alors je vais aller toucher maintenant à ton physique, rendre ton corps faible. »

Comme si la vie savait que c’était ma seule porte de sortie pour survivre, le sport, l’entraînement, motiver les autres pour me nourrir d’énergie, pour ne pas penser à mon mal intérieur, pour me faire comprendre qu’il y a urgence de prendre soin de moi.

Donc, du jour au lendemain, je n’étais plus capable de travailler, car je ne faisais que pleurer, je n’étais plus capable de retenir mes larmes de détresse.

Vidée et fragile, cela a été nuisible à mon travail, car dans le domaine du sport, cela prend beaucoup d’énergie et une force mentale exceptionnelle pour pouvoir motiver ses élèves en tout temps et faire plus de vingt heures semaines d’exercices physiques, dont trois heures par jour, du lundi au vendredi. Des cours de danse d’aérobie et cinq heures pour mon entraînement personnel.

J’additionnais les absences au travail et j’appelais à la dernière minute pour dire que je ne rentrais pas travailler, car je n’étais même plus capable de me lever de mon lit, plus capable de prendre ma douche, car j’étais rendue trop faible.

Découragée de ne pas comprendre ce qui se passait en moi, je me sentais perdue et déprimée. Je me suis battue contre mes états d’âme jusqu’au jour où je ne pouvais même plus les cacher, je me présentais à l’urgence, sinon je ne serais pas responsable de mes actes, car je voulais arrêter de souffrir, donc en finir avec cette vie.

Je n’en pouvais plus, car c’était trop pour moi. On me prescrivit des antidépresseurs et une thérapie au CLSC pour pouvoir m’aider à m’en sortir ainsi que la rencontre avec mon médecin de famille au minimum une fois par deux semaines.

Je décidai de force de quitter mon emploi et de prendre du repos pour ma santé mentale et physique. Et c’est loin d’être fini, cela m’a pris trois dépressions majeures pour comprendre que je ne pouvais pas me battre contre cette maladie comme cela et je devais arrêter le temps, revenir aux sources, écouter ce qui se passe à l’intérieur de moi, m’écouter enfin. Sinon ce serait comme une roue qui tourne sans fin et sans but. Pour moi, c’était comme la mort et je ne voulais pas vraiment mourir, mais me sortir de ce mal qui me détruisait depuis si longtemps.

(…)

J’assume ce que je vis en ce moment et je veux aider ceux qui, comme moi, ont le mal de vivre et surtout les écouter, les aider et les guider sans les juger. Nous n’avons pas demandé à nous sentir ainsi, cette maladie n’est pas visible à l’oeil nu, car la plupart d’entre nous la cachons, et même très bien, jusqu’à ne plus être capable de vivre tellement ça fait mal à l’intérieur de nous.

Lorsque vous avez un cancer, une hanche fracturée, une brûlure ou une autre cause de mauvaise santé, c’est visible et on ne peut comprendre, car nous regardons avec nos yeux, c’est un fait, mais le problème avec la dépression, c’est que ce n’est pas visible physiquement, à moins de passer quelque temps avec une personne dépressive.

Alors là, on remarquerait son état : fatigue, perte de mémoire, etc. La dépression se passe dans notre tête, notre âme et dans notre coeur. Nous avons cette souffrance dans nos tripes et laissez-moi vous dire que pour ma part, c’est aussi terrible que de me faire dire par mon médecin que je vais mourir demain.

Si je sors pour aller chercher quelque chose, par exemple un café, je suis habillée et un peu arrangée, je n’ai pas l’air malade, car je ne suis pas longtemps sortie de mon isoloir (mon appartement).

Alors, vous vous faites juger sans cesse, bon elle veut des vacances, elle profite du système et j’en passe. Le regard des autres fait mal et en ce qui concerne l’aide, je ne vous en parle même pas, car il y a un énorme problème de société.

Je peux vous dire que je voulais quitter ce monde individualiste, car je ne voyais pas le bout du tunnel ni le jour où je serais enfin guérie et à nouveau Guylaine Laferté.

Ce texte est un court extrait de l’autobiographie de Guylaine Laferté « Un sourire pour cacher mon mal de vivre », paru aux éditions Première Chance. Guylaine nous a généreusement autorisé à publier cet extrait et nous l’en remercions gracieusement. Pour toutes personnes désireuses de se procurer une copie du livre, vous pouvez communiquer directement avec l’auteure ou cliquez sur le lien suivant : « Un sourire pour cacher mon mal de vivre. »

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