Le langage est un outil puissant.
Il a le pouvoir de soulever les passions. Il peut inspirer les gens à créer. Il peut toucher l’âme.
Mais parfois, les mots peuvent aussi blesser.
Selon un vieux proverbe, « les coups peuvent blesser, mais pas les mots ». Et bien selon mon expérience, ce n’est pas vrai du tout. Les mots peuvent vous transpercer le cœur. Et parfois, ce sont les situations les plus anodines qui vous feront souffrir le plus.
Je me suis récemment trouvée dans une situation où quelqu’un a dit des choses sans se soucier de l’impact qu’elles auraient.
La conversation tournait autour d’un nouvel établissement de santé mentale et de toxicomanie qui était en construction. L’établissement se trouverait de l’autre côté de la rue où demeurait une des personnes présentes.
C’est à ce moment que le mot « fou » a été lancé.
Quelqu’un a dit : « Tu vas avoir tous ces fous près de chez toi maintenant. »
Je suis restée là à me retourner inconfortablement sur ma chaise et à assimiler ce qui venait d’être dit. Pour cette personne, les gens qui accédaient aux services offerts par un établissement de santé mentale et de toxicomanie étaient des fous. Ce qui signifiait que, comme personne qui accède régulièrement à des services de santé mentale, j’étais moi aussi une folle.
Je ne suis pas une cri*** de folle.
Je souffre d’une maladie mentale.
Les personnes qui bénéficient de services de santé mentale ne sont pas des fous. Ils souffrent d’une maladie qui n’est pas différente du cancer ou du diabète. Pourquoi est-ce que l’on accepte que le mot fou soit utilisé comme si ce n’était pas grave?!
Le fait que les gens puissent rire si facilement lorsque le mot fou est utilisé pour décrire les personnes souffrant de graves maladies mentales illustre bien la stigmatisation généralisée qui entoure les maladies mentales.
Je ne veux toutefois pas prêter quelques mauvaises intentions que ce soit à cette personne pour son choix de mot. Ce n’était qu’une remarque, faite en plaisantant. Si elle avait su à propos de ma situation, elle n’aurait peut-être pas fait cette remarque.
Mais voilà mon point justement.
Nous ne devrions pas nous soucier du langage que nous utilisons seulement lorsque nous connaissons personnellement quelqu’un qui pourrait être offusqué ou blessé par nos mots.
Nous devrions soigneusement choisir nos mots afin de nous assurer que personne ne soit blessé ou offusqué par ceux-ci, que nous soyons au courant de leur situation ou pas.
Bon, vous pensez peut-être que je suis trop sensible et que je devrais avoir un meilleur sens de l’humour, mais en vérité, l’utilisation de mots comme fou, lunatique ou malade mental stigmatise un groupe de personnes qui ont la malchance de souffrir d’une maladie.
L’utilisation du mot fou peut empêcher certaines personnes d’aller chercher de l’aide de peur d’être traitées de folles. Pire encore, elles pensent peut-être déjà qu’elles sont folles en raison de tous les préjugés associés à la maladie mentale.
Le fait que les gens puissent rire si facilement lorsque le mot fou est utilisé pour décrire les personnes souffrant de graves maladies mentales illustre bien la stigmatisation généralisée qui entoure les maladies mentales.
Vous ne vous moqueriez pas d’une personne qui souffre du diabète, du cancer ou d’une autre maladie. Alors pourquoi est-ce que c’est correct de se moquer d’une personne qui souffre d’une maladie mentale?
Le temps passe et il y a plusieurs mots que nous n’utilisons plus maintenant parce qu’ils sont blessants ou désobligeants envers un groupe de personnes.
Je pense qu’il est grand temps de bannir le mot fou lorsque nous parlons des personnes souffrant d’une maladie mentale.
La réalité est que les problèmes de santé mentale sont omniprésents. Chaque Canadien sera touché par la maladie mentale par l’entremise d’un membre de sa famille, d’un ami ou d’un collègue. Un Canadien sur cinq souffrira d’une forme de maladie mentale ou d’une dépendance au cours de sa vie.
Donc, la prochaine fois que vous serez sur le point de qualifier quelqu’un de lunatique, de malade mental ou de fou, prenez un moment pour penser aux personnes avec qui vous vous trouvez et dites-vous qu’il est fort probable que l’une d’entre elles souffre d’une maladie mentale.
Vous ne traiteriez pas votre ami qui souffre d’une dépression de fou n’est-ce pas?
Le texte original en anglais a été publié sur le blogue de Marisa Lancione Mad Girl’s Lament. Nous remercions Catherine Sauvé pour la traduction.