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Chéri, on fait naufrage

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Chéri, j’ai fait couler notre bateau… une fois de plus.

Tu te rappelles le 1er janvier 2017, je t’ai remercié de te battre avec moi ? Je t’ai dit qu’on embarquait dans un nouveau bateau ce matin-là; un nouveau voyage nous attendait.

J’y croyais vraiment.

J’imagine que cette journée-là était une bonne journée pour moi. Je t’avais dit que j’espérais que les vagues soient plus calmes cette année pour pouvoir naviguer paisiblement et puis j’ai tendu mes lèvres sur ta joue en te disant merci d’être encore là à te battre avec moi, même si souvent rien n’avait de sens pour moi.

Nous voilà rendus en juin et je vis une fois de plus une crise existentielle (ou plutôt des crises qui s’enchaînent) depuis plusieurs mois.

Te revoilà impuissant face à moi. Te revoilà complètement pris à naviguer seul sur notre bateau qui fait naufrage peu à peu. Te revoilà essayant tant bien que mal de me tendre cette bouée une fois de plus.

Chéri, je fais couler notre bateau… une fois de plus.

Ce qui me surprend à chaque moment, à chaque naufrage que nous vivons c’est que tu es là, calme et serein. À chaque fois que tu me sors de l’eau et que je suis complètement perdue, tu me ramènes au bateau et tu me prends dans tes bras en me disant que tout va bien aller.

Je n’ai plus d’espoir, mais toi tu en as pour moi et tu me souris.  Tu me flattes le dos et tu me calmes.

Puis, tu reprends les rênes de notre bateau calmement en me rassurant que ça ira parce que tu y crois… Oui, bien souvent, tu y crois plus que moi.

Je t’ai repoussé à plusieurs reprises et je t’ai même demandé de partir loin de moi. J’ai voulu te quitter, j’y ai songé longtemps et même souvent ces derniers temps.

Je ne peux comprendre qu’un être humain puisse réellement vouloir rester à mes côtés dans ce bateau que je fais constamment couler.

Tu m’as regardé dans les yeux dernièrement et tu m’as dit « Ce n’est pas ta faute, tu es malade chérie et on ne laisse pas tomber une personne malade. Je t’aime et tu es tout pour moi ! »

Je ne comprends toujours pas pourquoi tu restes. J’aimerais t’éviter tous ces naufrages, tout ce stress et toutes ces angoisses.

Mais au fond ce que j’aurais aimé te dire et que je ne suis pas capable car je me trouve égoïste de te le demander, c’est : « reste s’il te plaît ».

Reste même si c’est l’enfer parfois. Ne m’abandonne pas. Ne me laisse pas seule dans mes naufrages. Ne pars pas s’il te plaît parce que je ne pourrai pas faire naviguer le bateau seule.

Reste avec moi car j’ai besoin de mon capitaine pour naviguer et pour pouvoir avancer quelque part dans les tempêtes sans me noyer.

Parfois les mots « je t’aime » ne sont pas nécessaires. Chaque jour, chaque matin, chaque soir et chaque nuit tu es là. Tu es là à mes côtés coûte que coûte. Tu es là à essuyer mes larmes. Tu es là à t’inquiéter pour moi quand nous sommes loin l’un de l’autre. Tu es là quand je suis incapable de sortir de mon lit ne serait-ce que pour me doucher ou manger.

Tu as été là quand j’ai été hospitalisée plus d’une fois. Tu m’as pris dans tes bras et chaque jour tu étais là et tu me rappelais constamment que tu avais besoin de moi.

Tu es là pour me rappeler chaque jour que l’amour existe, le vrai. Tu es là à mes côtés peu importe l’intensité de mes crises et tu ne m’abandonnes pas, ta bouée est toujours prête. Tu m’as tendu tes bras pour porter mes angoisses.

Après 6 ans, tu es toujours là chéri et il n’y aura jamais assez de mots pour te remercier.

Au fond c’est ça. C’est ça que j’ai voulu te dire en te disant de partir. C’était reste s’il te plaît, car sans toi je ne suis plus rien.

Je sais très bien que ce texte est beaucoup trop long pour susciter ton attention plus de trois lignes d’affilée, mais retient simplement que je m’excuse tellement.

Je m’excuse que mon cerveau se soit brisé.

Je m’excuse de n’être plus celle dont tu es tombée amoureuse. La personne rayonnante, souriante et pleine de projets que j’étais.

Reste s’il te plaît. On va trouver le bon plâtre qui va pouvoir réparer les dommages à mon cerveau.  Tu m’as dit qu’on allait réussir ensemble ; qu’on allait se relever chaque fois qu’on tomberait.

Chéri, on va encore faire naufrage, prépare les bouées. Tu sais quoi ? De toute façon, avec toi à mes côtés, je sais qu’on peut vaincre les plus grosses tempêtes et se relever.

Notre bateau est solide.

Je t’aime mon amour !

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