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Lettre à toi, petite Lydia

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En cette journée qui me tient particulièrement à cœur, j’avais envie de t’écrire un message, à toi ma chère petite Lydia.

À toi ma chère Lydia qui a tellement cheminée ces dernières années. J’avais envie de te regarder sur ton petit lit rose avec ton beau sourire naïf.

J’ai ressorti de vieilles photos pour pouvoir te contempler, contempler tes yeux brillants et brûlants, remplis d’appréhension face à cette vie que tu as devant toi.

J’avais besoin de te dire merci d’être restée et d’avoir cru en moi. Merci de m’avoir permis de voir la vie avec tes yeux d’enfants et de m’avoir fait comprendre que ma vie ne faisait que commencer.

Merci d’être revenue et de m’avoir sauvée. Je suis vive d’esprit et brûlante d’ambition plus que jamais !

Ce fût tout un périple que nous avons entamé toi et moi ma chère petite Lydia. Nous avons effectué un 360 sur la vie.

Tu te rappelles quand la lumière s’est éteinte à l’été 2017 ?

Je me suis écroulée sur le plancher froid de ma salle de bain. J’ai soupiré un dernier instant, ma tête fracassant le sol et croyant que l’histoire s’arrêtait enfin à ce moment.

L’histoire allait s’arrêter pour toi et moi petite Lydia.

Tu étais disparue depuis un bon moment déjà. Je ne te ressentais plus du tout au fond de moi. La souffrance intérieure était devenue insoutenable, impossible à gérer.

Cette souffrance impossible à décrire. Une souffrance qui vous brûle tout l’intérieur du corps vous laissant en cendres. Une souffrance sans pitié qui vous glace le sang.

J’avais besoin d’un déclic. J’ai eu besoin d’hurler un cri du cœur. J’avais besoin qu’on m’écoute, qu’on entende ma peine.

Ce dimanche-là, je m’en rappelle comme si c’était hier, je n’avais plus rien à perdre. Rien !

Sans aucune larme, je me suis assise sur mon grand lit et je me suis mise à écrire cette lettre d’adieu. Je l’ai déposée près de moi.

J’ai respiré et j’ai étalé tous ces médicaments. Et Dieu sait à quel point il y en avait ! À cette époque noire, j’étais rendue à sept médicaments par jour et je les cumulais sans fin.

J’ai même pris soin de faire de petits tas pour chaque sorte et d’agencer chaque médicament avec son interaction la plus dangereuse.

Une fois le tout en place, j’ai relu ma lettre et je me suis installée bouteille d’eau à la main avalant chaque poignée une à la suite de l’autre sans m’arrêter.

Une centaine de médicaments plus tard, l’angoisse m’a frappée. J’ai pris le téléphone sans réfléchir et j’ai téléphoné à cette amie, qui, ce soir-là, m’a sauvée.

Elle est arrivée en panique quelques minutes plus tard. D’ailleurs, je m’excuse tellement mon amie de t’avoir crié des bêtises quand tu as voulu m’amener à l’hôpital.

Tu ressentais bien cette souffrance en moi. Je la voyais la panique dans tes yeux.

Tu as téléphoné à mes parents et après je me suis effondrée au sol inconsciente avec l’impression que mon voyage commençait.

J’ai entendu, dans une lueur, mon frère frapper le mur de rage, les policiers et les ambulanciers dans ma salle de bain essayant de me réveiller.

Je me suis réveillée entre les murs de l’hôpital avec tous vos yeux au-dessus de moi pleins de tristesse et de larmes. Les yeux de mon père, ceux de ma mère, de mon frère et ceux de mon amie.

Dans tous ces sanglots, je t’ai vu au loin dans la salle, petite Lydia. J’ai senti aussi vos prières à cet instant.

La nuit n’allait pas être de tout repos puisqu’il était trop tard pour effectuer un lavement de mon estomac. Mon petit corps, notre corps petite Lydia, devait donc absorber de lui-même chaque poignée que j’avais décidé d’ingérer.

Cette nuit-là, nous étions dans l’attente de savoir si mes organes allaient continuer de fonctionner normalement.

J’ai tellement eu peur de te perdre Lydia. Perdre ton beau sourire naïf étendu sur ton lit douillet tout rose.

J’ai tellement eu peur. Peur de tout ce que je venais de faire vivre à mon entourage, mais surtout tout ce que je venais de faire subir à mon corps.

Je m’en suis sortie indemne. Quelques inconforts à l’œsophage qui me suivront dans le futur, mais c’est tout.

Mon ange gardien était près de moi ce soir-là. Sais-tu quoi ? Mon déclic je l’ai eu !

Je te l’accorde j’ai décidé de l’obtenir à la dure, mais je crois que c’était nécessaire. J’ai donc enchaîné les semaines d’hospitalisation et un travail acharné.

Tu as pris ma main chère petite Lydia et tu m’as fait confiance. Nous l’avons fait ensemble, un jour à la fois, et quand c’était nécessaire une minute à la fois, mais on l’a fait !

Lydia, tu m’as appris à remarcher. Tu m’as appris à sourire à nouveau et à me relever quand je croyais que c’était devenu impossible. Tu as rallumé la lumière.

Quatre ans d’acharnement et de souffrance, d’essais et d’erreurs, de tentatives de suicide, d’hospitalisation, de suivis et d’arrêts de travail.

Il aura fallu ce déclic.

Un an et demi de thérapie privée, une nouvelle carrière, une séparation après sept ans de vie commune et un déménagement plus tard, me revoici en vie.

Je me suis retrouvée seule et j’ai renoué avec ma petite Lydia intérieure. J’ai fait un 360 complet et je suis revenue à la vie.

Je ne fais pas qu’exister désormais, je vis à pleins poumons ! Le soleil est revenu après tant d’années de travail.

Ton cœur d’enfant, petite Lydia, est revenu se poser côte à côte au mien.

Merci d’être restée et de t’avoir battue. C’est un travail de tous les jours entre toi et moi, mais qui devient facile de plus en plus et de moins en moins lourd grâce à tous ces outils.

Grâce à la parole et aux partages.

Chers lecteurs, ce message est un message rempli d’espoir. Ce message est peut-être en train de parler à cette petite Lydia qui se reconnait en toi et qui semble perdue.

S’il te plait, va chercher de l’aide. Va cogner à des portes et va soigner ton cerveau. Parle, crie, hurle, mais surtout n’aie jamais honte d’aller chercher de l’aide.

Tombe deux fois, relève-toi trois fois. Tombe sept fois, relève-toi huit fois, mais relève-toi toujours. Le soleil revient toujours, je te le promets !

Aujourd’hui, parlons-en, brisons les tabous ensemble. Aujourd’hui, Bell
cause pour la cause !

Aujourd’hui, car j’ai osé demander de l’aide, j’ai osé en parler, le soleil est revenu. « Here come the sun! »

La prochaine génération doit grandir en sachant que la santé mentale est un élément clé de la santé en général et qu’il n’y a pas de honte, de tabou ou de barrière à aller chercher de l’aide.

Hillary Clinton

Signée : La grande Lydia

#BellCause #BellLetsTalk

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