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Alcoolisme et santé mentale : les dommages collatéraux

Alcoolisme et santé mentale.
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Alcoolisme et santé mentale : les dommages collatéraux. Un sujet trop souvent négligé. Corinne nous livre un vibrant témoignage sur le combat qu’elle a livré contre la bouteille de sa mère. Un texte poignant qui traite aussi des dommages collatéraux de l’alcoolisme sur les proches.

Martin Binette, Fondateur Entre Les Deux Oreilles


De l’extérieur, tout semble beau, parfait, un vrai succès. 

Une femme accomplie autant sur le plan professionnel que personnel, entourée d’une bonne famille et d’amis.  Mais quand on regarde à l’intérieur, c’est moins beau. Clairement moins « l’fun ».  

Comme bien des gens, je vis possiblement ce qu’on appelle le fameux « mid-life crisis ». Et le timing avec la pandémie de COVID-19 ne pouvait pas être plus parfait!

Depuis quelques années, j’ai fait beaucoup d’introspection sur la relation compliquée que j’ai entretenue avec ma mère. Celle-ci ayant souffert de dépression et d’un problème de dépendance pendant de nombreuses années.

Ma prise de conscience que ma mère n’allait pas bien me ramène à mes 15-16 ans environ. 

Bien des années et des diagnostics plus tard, mes proches et moi avons réalisés que ma mère était alcoolique. 

L’alcool : Comme un bouclier pour parer la souffrance

Ma mère souffrait en silence et l’alcool était devenu son arme, son bouclier, pour tenter de garder ses démons enfouis.  Ironiquement, son arme est devenue son ennemi. Ultimement, l’alcoolisme a fini par la détruire et par la traîner dans une descente aux enfers lente et douloureuse. Chose que je ne souhaite pas à mon pire ennemi.  

Tenter de comprendre ce qui a pu la pousser à se faire autant de mal est un exercice impossible.

Ma mère n’est plus avec nous aujourd’hui. Elle est tombée au combat il y a quelques années déjà et a emporté avec elle ses secrets.

Pour ceux qui ont vécus avec un proche souffrant de dépendance comprennent tous comment on se sent le jour où cette personne nous quitte.

On passe par toutes la gamme des émotions.

Du sentiment de délivrance à la tristesse, qui te laisse physiquement en douleur.

Je me rappelle exactement le moment où j’ai appris qu’elle nous avait quitté.

Depuis ce moment précis, je n’ai plus jamais ressenti ce poids de responsabilité sur mes épaules. Je n’ai plus eu aucun sentiment de colère envers elle.

Je lui ai tout pardonnée sur le champ. 

De la colère, j’en quand même eu, envers la société et envers moi-même. Dans cette épisode de remise en question, je n’ai jamais été autant en colère contre moi.

Car, je sais que ce que j’ai vécu avec ma mère a un impact dans mes relations personnelles.

Il est devenu clair à mes yeux à quel point ma carrière professionnelle en a été influencée aussi.

Le combat contre la bouteille de ma mère.

Cette bataille que j’ai mené avec la bouteille de ma mère pour son attention et son affection m’affecte encore aujourd’hui. 

Je le vois dans ce désir de plaire à tout le monde.

De se rendre indispensable, de me donner à 100%,  de devoir gagner à tout prix. 

J’ai longtemps associé cela à ma qualité de perfectionniste sans trop m’attardée à l’origine de celle-ci.  

Rajoutez par-dessus cela le syndrome de l’imposteur qui vient avec le «package» et vous avez le cocktail parfait pour l’employée qui va se jeter corps et âme dans tous les projets qu’on lui met sous la dent. 

Bref, la candidate idéale pour n’importe quel employeur.

Je me rends compte à quel point j’ai cédé le contrôle sur le sens et la direction de ma carrière à ceux que j’essaie tant de plaire et impressionner et que je n’assume pas mon rôle de capitaine vis-à-vis celle-ci.

Et pour moi, ma carrière était mon échappatoire. L’un des seuls volets de ma vie intouchée par cet épisode brisé de ma vie. 

Ironiquement, c’était aussi ce que je pensais que je contrôlais de façon absolue. 

Mais maintenant que j’ai cette prise de conscience, ma question à 1 000$ est la suivante : on fait quoi avec ça maintenant?

Je dis « on » car je regarde mon entourage professionnel et j’en vois d’autres, des gens comme moi.  Avec l’expérience, je les reconnais plus rapidement qu’avant. 

Je ne connais pas ni leur circonstance et ni le contexte qui les ont mis sur le même chemin que moi, mais je ne suis pas aveugle, je reconnais ma gang. 

Mais on refoule tout cela sous le tapis. La préservation de notre image de succès aux yeux de notre société l’impose. 

Faire accepter la maladie mentale comme une maladie n’est pas encore une bataille gagnée. 

L’alcoolisme et la santé mentale. Une bataille inachevée.

Imaginez de faire reconnaître, aux yeux de la société, que la dépendance est une maladie, on n’est pas encore sortie du bois. Je parle ici plus précisément du dommage collatéral sournois de cette maladie qu’est la dépendance.   

J’ai envie de dire que cette loi du silence se termine aujourd’hui, mais je sais que la guerre est loin d’être gagnée. 

À ceux et celles qui  souffrent actuellement en silence, je vous dis ceci : ce qui m’a permis de passer au travers de tout cela est l’amour et la compassion que j’ai reçu de chaque personne à qui j’ai pu me confier que ce soit un membre de ma famille, ami, ou collègue. 

Aujourd’hui, je me fais la promesse de changer ma perspective vis-à-vis qui je suis et de réaliser et accepter que mes « blessures de guerres » sont en fait mes forces et non mes faiblesses. 

Et pour moi, en ce début d’année 2021, je suis enfin prête à passer à l’action, briser le silence et surtout reprendre le contrôle et assumer enfin mon rôle de capitaine.

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Car j’ai beau retourner cette situation dans ma tête en quête de solution, à chaque fois j’arrive à la conclusion qu’il ne faut plus se cacher.

Ni d’accepter de souffrir en silence sous de fausses apparences, soit celle d’une vie rose bonbon et une carrière remplis de succès.  

Ce que je peux répondre à ma propre questions à 1 000 $ est que je ne peux changer mon passé et celui-ci fait de moi la personne que je suis aujourd’hui. 

Malgré les côtés négatifs que ceci apporte, cela ne fait pas de moi, de nous, des personnes faibles ou inférieures. 

C’est à nous de prendre le contrôle de notre destinée et de décider comment nous pourrons en faire bénéficier notre entourage professionnel et personnel.

Aujourd’hui, je me fais la promesse de changer ma perspective vis-à-vis qui je suis et de réaliser et accepter que mes « blessures de guerres » sont en fait mes forces et non mes faiblesses. 

En cette période de pandémie, notre résilience et adaptabilité sont des forces à ne pas négliger et sont même des attributs recherchés chez les gestionnaires et dirigeants de demain. 

Défi accepté! 

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