Il y a six ans, le 26 septembre 2016, j’effectuais un retour au travail après un deuxième arrêt de travail.
En vain, la deuxième hospitalisation de mars 2016 n’avait pas eu le succès espéré.
Chaque fois que j’entrais dans une pièce, je pouvais voir au moins une façon d’en finir avec ma vie.
Je me levais et ma première pensée était un scénario sur comment en finir.
« Tu pourrais te pendre ici. »
« T’ouvrir les veines dans le bain. »
« Faire une surdose de médicaments. »
« Crasher ton char dans le mur. »
Je me couchais le soir en larmes, exténuée de me battre avec mes voix intérieures. Je ne voulais plus d’un lendemain.
J’ai écrit plusieurs lettres d’adieu.
Je me rappelle m’avoir déjà endormie avec un couteau dans mon lit et à mon réveil avoir constatée que je n’avais pas réussi le scénario de la veille.
Il y a cinq ans, le 27 septembre 2017, j’ai choisi l’option d’une surdose de médicaments pour en finir.
J’avais fait mes recherches et je savais exactement quelles interactions dangereuses à éviter.
« Je veux juste arrêter de souffrir ». Il existe des Ressources pour t’aider. Consulte notre page à cet effet
J’étais d’un calme absolu. Comme-ci, ce soir-là, je savais que ma souffrance se terminerait.
Je me suis installée dans mon lit avec ma lettre d’adieu et j’ai commencé à préparer chaque petit tas.
J’ai ouvert ma bouteille et j’ai commencé à avaler, un à un, chaque paquet que j’avais préparé sur mon lit.
Gorgée après gorgée, je me disais que j’allais finir par tomber, m’endormir et ne jamais me réveiller.
Quelques minutes après, la panique m’a envahie.
Comme-ci j’étais revenue à moi et que ma tête me disait « Lydia, tes reins, ton foie, ton cœur, tu fais quoi si tu survie, mais qu’eux te lâchent? »
Mais aussi, à ce moment-là, ma tête me disait ces mots importants : « Je veux juste arrêter de souffrir. »
J’ai pris mon téléphone, un dimanche soir à 21h30 : « Chanelle, je viens de faire une esti de grosse gaffe, ça va pas pentoute »
Elle est arrivée chez moi avec un calme et un contrôle presque impossible à avoir dans une situation de ce genre.
Je l’ai menacée. Si elle me retournait à l’hôpital je ne lui parlerais plus jamais et je lui en voudrais pour longtemps.
Après ça, je me rappelle m’être effondrée sur le plancher de ma salle de bain et avoir perdu le cap.
On m’a transportée à l’hôpital pour une troisième fois.
Ma mère, mon père, mon frère, mon amie, je voyais dans leur yeux la souffrance que je leur infligeais.
Le lendemain, le médecin nous a annoncé que mes organes avaient tenu le coup durant la nuit. Que je n’aurais pas de séquelles au niveau des reins et du foie et que mon corps éliminait par lui-même chaque comprimé avalé.
C’te corps-là, ct’un guerrier!
« Le jour où j’ai voulu en finir ». Un témoignage de Martin Binette à lire sur notre blogue
Je me suis dit que je ne pouvais pas passer ma vie comme ça.
J’ai demandé à mes parents s’ils pouvaient m’aider à m’en sortir pour de vrai cette fois-ci.
Depuis ce jour, il n’y a pas une journée où on a baissé les bras, ma famille et moi.
Je suis restée à l’hôpital puis j’ai pris tout ce qu’on pouvait me donner comme outils.
J’ai fait des dizaines d’essais-erreurs pour trouver la bonne médication.
J’ai consulté un psychologue chaque semaine durant plus d’un an et été suivi en psychiatrie.
Cinq ans plus tard, je suis là. Vivante plus que jamais.
J’ai survécu !
Je me suis reconstruite morceaux par morceaux.
Un pas à la fois.
La dernière fois que je suis entrée dans une pièce en m’imaginant tous les scénarios possibles pour mourir c’était il y a cinq ans.
J’ai vécu l’enfer à certains moments et j’ai souvent demandé au ciel pourquoi il ne m’avait pas pris ce soir-là.
J’ai mis du temps à le comprendre.
Mais j’ai compris !
Je ne veux pas mourir. J’ai jamais voulu mourir en fait.
J’ai juste voulu stopper la souffrance qui me grugeait l’intérieur. J’étais à bout de souffle.
Quand j’ai compris que mon cerveau était malade, je me suis pardonnée et tout a changé.
Le suicide : lâcheté ou courage? On en parle avec Luc Vallerand de Suicide Action Montréal dans cet épisode du balado
Quand j’ai compris que mon cerveau avait besoin de médication pour fonctionner adéquatement, j’ai accepté.
J’ai mis des outils en place pour m’aider à vivre une vie équilibrée et en paix.
Je suis remplie de gratitude pour cette vie que j’ai.
Pour cette vie que je construis chaque jour.
Pour cette bataille que je continue de livrer dans les moments plus difficiles.
Je regarde souvent le ciel en le remerciant de m’avoir rejetée.
Aujourd’hui, je regarde le ciel et je l’en remercie. Je me remercie aussi de m’être battue.
Chanelle, je ne te remercierai jamais assez d’avoir décroché ce soir-là et d’avoir appelé le 911.
Merci à tous ces gens qui ont partagé ma route au cours des cinq dernières années pour la rendre plus douce.
Ensemble, on sera toujours plus fort !
J’ai envie de vous dire que c’est possible et que la vie peut redevenir belle et douce quand on décide de demander de l’aide et de tendre la main.
J’avais envie de vous partager ce texte pour semer une parcelle d’espoir à ceux et celles qui combattent, qui sont perdus et qui veulent juste arrêter de souffrir.
N’ayez jamais honte de demander de l’aide.
Prenez une pause et le temps qu’il faut.
De mon côté, je continuerai encore de raconter mon histoire haut et fort sans tabou.
De vous donner milles et unes raisons de rester en vie.
À la mémoire de mon cousin, Joël, et à la mémoire de tous ceux et celles pour qui leur combat s’est éteint. J’espère que votre ciel est beau.
Vous vivez de la détresse ? Avant de commettre l’irréparable, parlez à quelqu’un.
📞 Téléphone : 1 866 APPELLE (277-3553)
📱 Texto : 535353
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