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Anxieuse que je suis

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Il y a deux ans, j’ai enfin compris.

J’ai enfin compris que ce que je vivais pouvais être contrôlé.

Les médecins me recommandaient de prendre de la vitamine D, de boire du «Gatorade», de prendre des Oméga-3, mais rien ne fonctionnait. Les médecins ne croyaient pas que je puisse être malade.

Je pleurais tous les jours et je ne comprenais pas pourquoi.

J’ai donc décidé de prendre les grands moyens et je suis allé à l’hôpital. Le diagnostic est tombé. Trouble d’anxiété généralisée incluant une anxiété de performance et phobie sociale.

Quel soulagement. Enfin, je savais ce qui pesait tant sur moi depuis toutes ces années.

Parce que d’aussi loin que je me souvienne, je vivais avec un tel poids sur ma poitrine que j’avais peine à respirer quand il apparaissait.

La première fois dont je me souvienne était à la maternelle. Je refusais d’entrer à l’école et, je vous assure, ce n’était pas caprice. J’étais réellement en détresse. J’avais mal au cœur, mal à la tête et je pleurais tellement que j’étais inconsolable.

Malheureusement, dans les années 90, quand un enfant faisait une crise on le chicanait, on ne cherchait pas à comprendre. Alors matin après matin, je me faisais dire par mes éducatrices : « Je ne suis pas fière de toi Éliane. Tu n’es vraiment pas gentille aujourd’hui ».

Parfois ma famille me disait: « J’ai entendu dire Éliane que tu fais beaucoup de crise pour ne pas aller à l’école. Ce n’est pas très gentil ça ».

Alors que tout ce dont j’avais besoin c’était de me faire rassurer. C’était que quelqu’un me comprenne enfin, et que pour une fois, on ne me gronde pas.

C’est probablement pour cette raison que j’écris ces lignes aujourd’hui. J’ai souffert. J’ai souffert parce qu’on ne connaissait pas, ou alors, on ne voulait pas connaître. Que ce soit pour la petite fille de 5 ans, l’adolescente de 15 ans ou encore l’adulte de 19 ans.

C’était difficile de se sentir incomprise.

Je me faisais dire : « Je n’ai pas besoin de quelqu’un comme toi dans ma vie ».

Personne ne comprenait.

Dès le moment où j’ai accepté ma maladie, j’ai commencé à aller mieux. Je comprenais d’où mes pensées venaient et je comprenais qu’elles n’étaient pas rationnelles, et à partir de là, je pouvais les éliminer. Il y a des solutions.

Mais revenons à cette fameuse journée. C’était le 1er juillet 2014, deux jours avant mes 20 ans.

J’ai décidé alors que j’en avais assez. J’ai réalisé que ma maladie méritait d’être traitée au même titre que nous traitons une jambe cassée.

J’ai enfin compris que la médication n’était pas mon ennemie. Au contraire. La médication me permet aujourd’hui d’être moi-même.

Ce 1er juillet 2014, j’ai décidé de me donner une chance.

J’étais épuisée de toujours m’inquiéter de ce qui était hors de mon contrôle. Lorsque je marchais dans le corridor, seule, je m’inquiétais chaque fois que j’entendais des gens rire. J’avais peur qu’ils rient de moi.

J’étais angoissée chaque fois que je devais prendre le volant. La raison? Si un animal se mettait devant ma voiture et que je le tuais? Ou pire, un enfant.

«Si». C’est probablement le meilleur ami des gens anxieux. Ça a été le mien durant 20 ans, précisément.

Je divise souvent ma vie en deux périodes. Avant ma médication et après. Cela a été une réelle cassure pour moi.

À la fin de la première période, je pleurais tous les jours. Je n’étais plus capable d’aller travailler. Je ne mangeais plus. J’étais incapable de me lever de mon lit le matin.

Dès que je mettais un pied hors du lit, ça commençait. Je pleurais tellement que de prendre le volant était dangereux. Je ne pouvais plus vivre.

Au départ, je ne voulais pas en parler. Je ne voulais pas que mes parents en parlent. Je voulais que personne en parle.

Pourtant, dès le moment où j’ai décidé d’en parler ma vie a changée.

Aujourd’hui, j’en parle ouvertement.

J’ai compris que l’ouverture face à ma maladie était probablement le meilleur remède. En parler ouvertement m’a permis de voir que je n’étais pas seule.

Les gens viennent désormais me parler pour essayer de comprendre les personnes de leur entourage qui souffrent aussi d’anxiété.

C’est désormais mon objectif.

L’anxiété ne devrait pas être un tabou. On ne devrait jamais se faire demander : « Oui, mais n’y a-t-il pas d’autres options que la médication? ».

Ce que les gens ne savent pas, c’est que dans la majorité des cas, on a tout tenté avant pour ne pas se rendre à la médication. Et pour qu’elle raison? À quel prix?

La médication est mal vue. Alors que ce n’est pas mal vue de prendre des antibiotiques pour une infection, ça l’est de prendre des stabilisateurs de sérotonine ou encore de prendre des antidépresseurs.

Depuis que je suis médicamentée, ma vie est tellement plus belle.

Maintenant, je vois qu’il fait beau à l’extérieur. Je vois que les gens autour de moi commencent à me comprendre un peu mieux, parce que j’ai décidé de me comprendre moi-même.

Dès le moment où j’ai accepté ma maladie, j’ai commencé à aller mieux. Je comprenais d’où mes pensées venaient, et je comprenais qu’elles n’étaient pas rationnelles, et à partir de là, je pouvais les éliminer. Il y a des solutions.

Ne restez pas enfermé seul avec vous-même. Des gens comprennent. Ils comprennent de plus en plus. Et s’ils ne comprennent pas? Ce n’est pas plus grave que ça, car vous vous comprenez et pouvez leur faire comprendre.

Bien que mon histoire ne soit pas une histoire de Disney, je pense qu’il y a une morale à retenir. Moi j’en ai retenu une.

Parlez. Parlez ouvertement et sans honte. Vous n’avez pas à avoir honte de votre maladie. Vous êtes parfait comme vous êtes et si vous assumez pleinement qui vous êtes, les gens ne pourront jamais vous juger.

Et surtout, n’oubliez pas que vous n’êtes pas seuls!

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