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Donald Trump et la diabolisation des maladies mentales

Martin Binette
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Le clown en-chef s’est prononcé suite aux deux tragiques tueries du week-end au Texas et en Ohio.
Bien évidemment, en sommes-nous surpris, ce n’est pas la réthorique haineuse qu’il dispense quotidiennement ou l’absence de contrôle des armes à feu qui sont en cause dans cette flambée de violence mais bien “un problème de maladies mentales” selon les dires du président.
“Mental illness and hatred pulls the trigger, not the gun.”
Il est important ici de le rappeler : le peu d’information recueillie jusqu’à maintenant ne permet pas de dresser de conclusion sans équivoque que les auteurs de ces tueries souffraient d’une maladie mentale et que leur état psychologique a été contributif lorsqu’ils ont commis leur geste.
Pour l’instant, cette désinformation et cette généralisation de la part du président américain et de ses acolytes républicains ne font que contribuer à exacerber un mythe toujours persistant autour de la maladie mentale : les personnes atteintes de maladie mentale sont tous des tueurs en liberté, des psychopathes en devenir, des terroristes potentiels.
Or, selon l’Association Canadienne pour la santé mentale :
« En tant que groupe, les personnes qui ont des problèmes de santé mentale ne sont pas plus violentes que les autres groupes de notre société. La majorité des crimes ne sont pas commis par des personnes souffrant de troubles psychiatriques. Par ailleurs, de nombreuses études ont prouvé qu’il y a très peu de liens entre la plupart de ces maladies et la violence. Le vrai problème, c’est que les personnes souffrant d’une maladie mentale sont de deux fois et demie à quatre fois plus susceptibles d’être victimes de violence que les autres groupes de notre société. »
De surcroît : « La plupart des crimes violents commis dans notre société ne sont pas attribuables à la maladie mentale. La supposition qu’un potentiel de violence se rattache presque assurément à toutes les maladies mentales s’est avérée incorrecte dans de nombreuses études. »
Ce jeu dangereux d’amalgamer les crimes violents à la maladie mentale contribue malheureusement à ostraciser ceux qui en souffrent. Certes, des crimes sont commis par des personnes atteintes de maladies mentales graves. Mais, faut-il le rappeler : des millions de personnes souffrent d’une maladie mentale sur cette planète et la très vaste majorité ne commettront jamais d’actes violents.
Il faut donc être prudent et vigilant sur la façon de présenter l’information car elle ne fait qu’encourager les fausses perceptions et l’intolérance envers les personnes qui souffrent d’une maladie mentale.
Dans une perspective ou nous désirons ardemment comme société éliminer les tabous et les préjugés envers la maladie mentale afin de permettre aux personnes qui en souffrent de s’ouvrir, d’en parler et de chercher de l’aide, la désinformation des derniers jours contribue malheureusement à maintenir cette stigmatisation.
Mais encourager les fausses perceptions (Fake News!) et entretenir les préjugés semblent être une seconde nature pour ce président, alors peut-on être surpris de ses propos?
Poser la question est y répondre.